Publiée depuis 1948, la revue International Social Security Review (ISSR) est la plus importante publication trimestrielle internationale en matière de sécurité sociale dans le monde.
Le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède disposent tous de systèmes évolués de retraite à plusieurs piliers. Sur la base de microsimulations, cet article présente un examen approfondi des interactions entre piliers dans ces pays. L’importance relative et le rôle des différents piliers de retraite varient non seulement d’un pays à l’autre, mais aussi en fonction de l’âge, des revenus, du sexe, des paramètres socio-économiques, ainsi que des générations. Cette étude se penche également sur la capacité d’atténuation des quatre systèmes de retraite. D’une part, les carrières professionnelles plus défavorables entraînent des revenus inférieurs tout au long de la vie et des droits à pension accumulés moins élevés en matière de retraite privée. D’autre part, ces effets peuvent être atténués par la conception des piliers et par leurs interactions. L’atténuation est importante pour la sécurité des revenus et la stabilité de la retraite, ainsi que pour la répartition des revenus à partir de l’âge de la retraite. Cependant, les mécanismes d’atténuation sont instaurés au détriment des mesures incitatives. En outre, dans de nombreux pays, l’ampleur des prestations publiques est appelée à diminuer, ce qui contribuera à accroître l’importance des pensions privées. Les risques et l’incertitude seront reportés des employeurs et des institutions de retraite, sur les individus. Les risques et les incertitudes concernant les pensions privées vont ainsi s’accentuer, ce qui soulève des questions sur la répartition des responsabilités entre les régimes de pensions publics et privés, ainsi que sur le potentiel d’atténuation de ces risques par des interactions entre piliers. Ces préoccupations sont exacerbées par les mutations du marché du travail. Même s’il s’avère impossible de créer un système de retraite ne comportant aucun déséquilibre, cet article tente de faire avancer la question de la conception de mesures d’atténuation, et de trouver des moyens d’équilibrer les mesures d’atténuation et de partage des risques avec les mesures incitatives – des défis tant politiques que techniques.
Les Etats-Unis se trouvent à la croisée des chemins en matière de politiques en faveur de la famille et des femmes. Aux Etats-Unis, les enfants et leurs parents reçoivent actuellement une aide de base sous forme d’un congé parental non rémunéré, d’avantages fiscaux liés aux enfants et de services publics limités de garde d’enfants. En revanche, les autres Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) fournissent davantage de moyens aux familles, en accordant des congés parentaux payés et en investissant dans les enfants et les nourrissons. Le renforcement de ces politiques aux Etats-Unis peut générer des bénéfices considérables. Le congé parental payé et la garde d’enfants subventionnée permettent à davantage de femmes de rester actives. Ils contribuent à la croissance économique et ont un impact positif sur les enfants en matière de santé et de savoir. Ils offrent également aux parents davantage d’options concernant leur stratégie de vie professionnelle. En n’investissant pas suffisamment dans les enfants et leurs parents, les Etats-Unis ont pris du retard par rapport au reste des pays de l’OCDE sur de nombreux indicateurs économiques et sociaux. Etant donné l’ampleur des bénéfices que rapportent ces aides aux familles, cet article se penche sur les questions relatives à la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale dans les familles vivant avec de jeunes enfants, et plus particulièrement sur les politiques relatives à la rémunération des congés parentaux dans les pays de l’OCDE et aux Etats-Unis.
L’extension de la protection sociale à tous est devenue un objectif politique central, tant sur le plan national qu’à l’échelle internationale. De très nombreux pays à faible et moyen revenu ont déployé des efforts considérables pour étendre la protection sociale. Parallèlement, la communauté internationale a réaffirmé son engagement en faveur de l’extension de la protection sociale en adoptant, en 2012, la recommandation (no 202) de l’OIT sur les socles de protection sociale. A la lumière des dispositions les plus récentes de la recommandation no 202 de l’OIT, cet article examine les dispositions juridiques et la mise en œuvre de la loi nationale indienne Mahatma Gandhi sur la garantie de l’emploi en milieu rural (NREGA), promulguée en 2005. Depuis son lancement il y a dix ans, la NREGA a fourni une source de revenus aux travailleurs ruraux et une majoration des taux de salaire. Elle a permis d’obtenir un taux élevé de participation des femmes et de générer des actifs durables. Les organes de gouvernance locale de l’Inde, les Panchayati Raj (PRI), ont été habilités à intervenir dans les processus de planification et de contrôle. Toutefois, en dépit des résultats positifs, la mise en œuvre s’est révélée considérablement lacunaire. Cet article met en lumière deux thèmes centraux: tout d’abord, le cadre politique novateur de cette loi qui intègre à la fois des prestations garanties fondées sur les droits, des emplois axés sur la demande et un contrôle centré sur le citoyen. Ensuite, il évalue l’accessibilité et l’adéquation des prestations dans la mise en œuvre de la NREGA. Notre conclusion est que la NREGA offre des possibilités d’apprentissage Sud-Sud, tant sur le plan de la conception de politiques que sur leur mise en œuvre.
Depuis 1981, près de quarante pays ont mis en place des réformes des systèmes de pensions qui ont remplacé – en tout ou en partie – les anciens régimes de financement par répartition par des systèmes (ou des piliers) privés de pension par capitalisation à cotisations définies. Toutefois, au cours de ces dix dernières années, près de la moitié de ces pays ont fortement réduit, voire totalement supprimé, ces régimes de retraite par capitalisation. Dans cet article, nous analyserons certaines des raisons qui poussent souvent les pays en développement à opérer ce changement. Dans le cadre de notre analyse, nous proposons une nouvelle typologie de la réforme des retraites qui dépasse la dichotomie couramment utilisée entre le financement par répartition et la privatisation des régimes de retraite. Nous identifions quatre facteurs particulièrement importants pour comprendre les revirements des politiques en matière de retraite qui se sont produits dans de nombreux pays en développement: la faible couverture des régimes de pensions et l’incompatibilité des mesures incitatives, les coûts d’une charge triple, les compromis entre les réformes des pensions et les pensions sociales, et les difficultés liées à la conversion en rente.
A partir d’un modèle à générations imbriquées à deux périodes, cet article tente de déterminer l’instrument politique optimal de redistribution des revenus, en termes de bien-être global, lorsque les agents varient en fonction de leurs conditions de travail. Cinq caractéristiques politiques ont été utilisées: (i) redistribution précoce à la jeune génération informelle; (ii) redistribution tardive à l’ancienne génération informelle; (iii) modèle hybride de redistributions précoce et tardive; (iv) redistribution de la jeune génération formelle actuelle à l’ancienne génération formelle actuelle; et (v) scénario de non-redistribution. Nous démontrons que lorsque l’offre de main-d’œuvre est inélastique, c’est le transfert aux jeunes qui constitue la meilleure politique de redistribution. Le résultat se révèle solide dans la mesure où il se maintient au travers des différentes valeurs des paramètres.