Bien que la protection sociale soit désormais reconnue à l’échelle mondiale pour son rôle dans la lutte contre la pauvreté, son instauration demeure un défi énorme pour les pays du Sud. Nous évaluons dans cet article les performances de l’aide sociale administrée par l’État au Zimbabwe. Notre évaluation commence en 2016, date à laquelle le cadre stratégique national de protection sociale a été promulgué dans le pays pour maximiser le rendement des investissements sociaux. Nous proposons, en nous appuyant sur une approche systématique, une revue des études publiées entre 2016 et 2023. Nous observons qu’au Zimbabwe, malgré l’adoption de ce cadre stratégique, la programmation de la protection sociale demeure un défi. Nous constatons des retards dans le versement des prestations, ainsi qu’un décalage entre les prestations et les forces du marché en raison de l’inflation. La majorité des programmes sont dépourvus de structures de suivi et d’évaluation, le financement reste insuffisant pour faire reculer la pauvreté et la vulnérabilité, et il n’existe aucun mécanisme de plainte ou de recours. Notre synthèse met en lumière la nécessité d’une rénovation du contrat social au Zimbabwe et d’un renouvellement de la volonté politique de financer les programmes d’aide sociale, d’un engagement à transformer la politique en action et d’une expansion de l’espace civique afin que les citoyens puissent réellement participer à l’appel en faveur de l’aide sociale. Elle montre aussi que des efforts concertés visant à harmoniser les programmes d’aide sociale existants sont indispensables. Nous soulignons la nécessité d’intégrer la protection sociale dans un cadre fondé sur les droits humains et de mettre en place des systèmes de suivi performants et des sources de financement prévisibles et dédiées.