Partout dans le monde, la pauvreté touche de manière disproportionnée les personnes en situation de handicap. Les politiques en matière de protection sociale, y compris les transferts monétaires, s’avèrent cruciales pour lutter contre la pauvreté «dans toutes ses formes», mais on ignore encore dans quelle mesure de tels programmes touchent les personnes en situation de handicap. Cette étude examine les différences entre les personnes handicapées et non handicapées au niveau des répercussions du régime d’indemnités pour enfants (CGP) du Lesotho sur la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation et les revenus, sur la base de données issues d’un essai contrôlé randomisé mené dans une communauté. Dans l’ensemble, cette étude révèle que le CGP a eu des répercussions considérables et différenciées pour les personnes en situation de handicap à l’aune de nombreux indicateurs de santé (tels que l’augmentation des dépenses en soins de santé, l’amélioration de la santé autoévaluée, la hausse de la probabilité de recourir aux soins de santé). Le CGP a également eu un impact sur la sécurité alimentaire, en diminuant le nombre de mois durant lesquels les ménages avec et sans membres en situation de handicap ont souffert de pénurie alimentaire aiguë. Un impact modeste bien que différencié et important a par ailleurs été constaté sur la participation des personnes en situation de handicap au travail rémunéré. Le CGP n’a eu des répercussions que sur la scolarisation des enfants non handicapés, mais cette différence d’impact n’est pas significative et est probablement liée à un échantillon insuffisant. En règle générale, les personnes handicapées bénéficiaires du CGP enregistraient toujours de hauts niveaux de privation absolue et leur situation était globalement moins favorable que celle des personnes non handicapées, ce qui suggère la nécessité d’adapter ou de compléter la protection sociale et les autres programmes de lutte contre la pauvreté.