Activer les jeunes les plus défavorisés en Suisse: administrativement trop risqué, politiquement trop coûteux?

Auteurs:
Delia Pisoni

Numéro:
Volume 71 (2018), numéro 4

Lien vers l'article complet:
https://doi.org/10.1111/issr.12189

Dans les sociétés européennes modernes fondées sur la connaissance, beaucoup de politiques visant à améliorer l’intégration professionnelle des jeunes reposent sur l’investissement dans le capital humain. Les systèmes d’apprentissage étant censés faciliter la transition entre la scolarité et l’emploi, cette orientation semble particulièrement prometteuse. Toutefois, la recherche montre que les politiques sociales échouent souvent à toucher les membres de la société les plus défavorisés. Dans cet article, nous tentons d’apporter un éclairage sur les raisons et mécanismes à l’origine de ce phénomène, connu sous le nom d’effet Matthieu, en nous appuyant sur une étude de cas unique avec niveaux d’analyse imbriqués portant sur un programme de formation et d’enseignement professionnels destiné aux jeunes défavorisés en Suisse. Nous mettons en évidence des pratiques d’écrémage utilisées par les professionnels de première ligne à des fins stratégiques, pour satisfaire à des critères d’évaluation du programme exigeants. La logique politico-administrative qui préside à l’allocation des ressources favorise ces pratiques, vues comme un moyen de parvenir à ce que le programme affiche de bons résultats et continue ainsi de bénéficier d’un soutien politique, et par conséquent financier.

Thèmes:
Emploi
Emploi des jeunes travailleurs
Politiques et programmes sociaux
Mots-clés:
politique sociale
jeunesse
groupes vulnérables
apprenti
employabilité
Pays:
Suisse