L’Asie-Pacifique représente l’une des principales sources et destinations des travailleurs migrants internationaux. Cet article étudie l’évolution et l’état actuel des accords bilatéraux et multilatéraux de sécurité sociale, en mettant l’accent sur les accords impliquant des pays de la région.
Avec un tiers de tous les migrants internationaux originaires de la région, l’Asie-Pacifique se situe au premier rang mondial dans ce domaine (OIT, 2020). En outre, sur les 169 millions de travailleurs migrants internationaux, la région en accueille environ 48 millions (28,5 pour cent), ce qui en fait la deuxième destination mondiale après l’Europe et l’Asie centrale (OIT, 2020). Les flux intrarégionaux représentent une grande part des migrations de main-d’œuvre dans la région, avec d’importants couloirs de migration, notamment depuis les pays d’Asie du Sud vers les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (BASD, OIT, OCDE, 2023; Benton et al., 2024). Cependant, bien qu’il s’agisse d’une destination populaire auprès des migrants, la région Asie-Pacifique n’est actuellement impliquée que dans 23 pour cent des accords de sécurité sociale dans le monde.
Encadré 1. Pays et territoires que l’AISS considère comme faisant partie de la région Asie-Pacifique
- Afghanistan
- Arabie saoudite
- Australie
- Bahreïn (Le Royaume de)
- Bangladesh
- Bhoutan
- Brunéi Darussalam
- Cambodge
- Chine
- Cook (Îles)
- Corée (République de)
- Corée (République populaire démocratique de)
- Émirats arabes unis
- Fidji
- Inde
- Indonésie
- Iran (République islamique d')
- Iraq
- Japon
- Jordanie
- Kiribati
- Koweït
- lao (République démocratique populaire)
- Liban
- Malaisie
- Maldives
- Marshall (Îles)
- Micronésie
- Mongolie
- Myanmar
- Nouvelle-Zélande
- Népal
- Oman
- Pakistan
- Palaos
- Palestine (État de)
- Papouasie-Nouvelle-Guinée
- Philippines
- Qatar
- République arabe syrienne
- Salomon (les îles)
- Samoa
- Singapore
- Sri Lanka
- Thaïlande
- Timor-Leste
- Tonga
- Tuvalu
- Vanuatu
- Viet Nam
- Yémen
Remarque: Pour les pays suivants n’ayant pas fait partie de l’enquête, les informations sont peut-être lacunaires: Afghanistan, Corée (République populaire démocratique de), Îles Cook, Maldives, République démocratique du Timor-Leste, Tonga et Tuvalu.
L’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) a examiné l’évolution des accords internationaux de sécurité sociale, instruments essentiels pour améliorer la portabilité des droits à la sécurité sociale et garantir la protection des droits et des prestations des travailleurs lorsqu’ils se déplacent d’un pays à l’autre (AISS, 2024; Kazi-Aoul et al., 2023). Ces accords protègent à la fois les droits acquis et les droits en cours d’acquisition, ce qui permet aux personnes résidant dans différents pays de conserver leurs droits à la sécurité sociale. Ils facilitent l’accès aux prestations en reconnaissant les périodes d’emploi dans les différents pays participants et en combinant des périodes de cotisations ou d’autres conditions d’ouverture des droits. En outre, ces accords déterminent la législation applicable et permettent ainsi d’éviter les doubles cotisations pour les travailleurs temporairement détachés à l’étranger, ce qui favorise la formalisation des travailleurs et garantit le respect par les employeurs de leurs obligations en termes de cotisations de sécurité sociale (OIT, AISS, CIF-OIT, 2021; AISS, 2022). À l’heure actuelle, 74 pour cent des pays et territoires participent à au moins un accord de sécurité sociale. Ce changement au niveau du paysage de la coopération internationale en matière de sécurité sociale témoigne de l’évolution et de l’importance de ces accords dans le monde entier.
Lors de l’analyse de la participation des pays de la région Asie-Pacifique aux accords internationaux de sécurité sociale, n’oublions pas que ces accords ne s’appliquent qu’aux travailleurs formels. De nombreux pays de la région sont encore confrontés à d’importants défis en matière de formalisation de l’emploi (OIT, 2024a). Selon les dernières estimations de l’Organisation internationale du Travail (OIT), 66 pour cent de l’emploi total dans la région est informel (OIT, 2024b). C’est l’Asie du Sud qui enregistre le taux le plus élevé (87,2 pour cent), suivie par l’Asie du Sud-Est (69,8 pour cent), l’Asie de l’Est (46,8 pour cent) et le Pacifique (34,7 pour cent), où le taux est le plus bas.
Bien que ce ne soit pas l’objet de cet article, de nombreux pays adoptent des mesures unilatérales pour améliorer la couverture de la sécurité sociale. Les pays d’origine peuvent, par exemple, permettre à leurs ressortissants travaillant à l’étranger de rester affiliés à leur régime d’assurance sociale, créer des fonds de prévoyance à l’étranger ou subventionner les cotisations des travailleurs migrants à leur retour. De leur côté, les pays d’accueil peuvent autoriser le retrait des cotisations lorsque les travailleurs rentrent chez eux et qu’il n’existe pas d’accords de sécurité sociale entre les pays (OIT, AISS, CIF-OIT, 2021). Enfin, les pays d’origine tout comme les pays d’accueil peuvent améliorer la couverture en réduisant la durée des périodes minimales requises pour l’ouverture des droits et en autorisant le paiement des prestations à l’étranger.
Les accords bilatéraux et multilatéraux de sécurité sociale dans le monde
Si l’on considère l’ensemble du monde, on constate que 74 pour cent des pays et territoires (ci-après «pays», pour plus de simplicité) sont parties à au moins un accord bilatéral ou multilatéral. Les différences régionales sont toutefois notables: tous les pays européens sont impliqués dans au moins un accord international de sécurité sociale, suivis par 88 pour cent des pays des Amériques, 61 pour cent des pays africains et 43 pour cent des pays de la région Asie-Pacifique (graphique 1). Les tendances régionales sont les mêmes pour les accords bilatéraux et multilatéraux, l’Europe étant en tête, suivie des Amériques, de l’Afrique et de l’Asie-Pacifique. Les pays européens sont également les plus susceptibles d’être signataires de ces accords, puisque 95 pour cent d’entre eux sont parties à au moins un accord bilatéral et 77 pour cent à des accords multilatéraux. En revanche, seuls 25 pour cent des pays de la région Asie-Pacifique (13 pays) participent à des accords bilatéraux et 18 pour cent (neuf pays) à des accords multilatéraux. En termes relatifs, cela signifie qu’il y a quatre fois plus d’accords impliquant des pays d’Europe que des pays d’Asie-Pacifique.
Graphique 1. Pourcentage de pays ou territoires impliqués dans un accord, par région et par type d’accord
Source: AISS, à paraître.
Au niveau mondial, les pays européens sont parties au plus grand nombre d’accords bilatéraux de sécurité sociale, suivis par les Amériques, l’Asie-Pacifique et l’Afrique. Les pays et territoires européens sont parties à 530 des 631 accords bilatéraux en vigueur dans le monde (84 pour cent), tandis que les pays d’Asie-Pacifique sont parties à 147 accords, soit 23 pour cent du total mondial. Le nombre d’accords bilatéraux de sécurité sociale dans le monde a augmenté rapidement depuis les années 1970, avec une croissance plus forte dans les pays d’Asie-Pacifique depuis les années 1980 (graphique 2).
Graphique 2. Nombre total d’accords bilatéraux de sécurité sociale au fil du temps, en fonction de la région des pays concernés (de l’une ou des deux parties)
Source: AISS, à paraître.
Remarque: Ce graphique présente les accords de sécurité sociale qui sont encore activement mis en œuvre. De nombreux accords intra-européens antérieurs n’y figurent donc pas, étant donné que ces questions sont désormais régies par des règlements de l’UE. Le tout premier accord a été conclu en 1919 entre l’Italie et la France (Butcher et Erdos, 1988).
Les accords bilatéraux de sécurité sociale en Asie-Pacifique
Les principales régions signataires
Actuellement, la répartition régionale des accords impliquant des pays d’Asie-Pacifique est la suivante: 76,9 pour cent sont conclus avec des pays d’Europe (113 accords), 12,9 pour cent avec les Amériques (19 accords), 9,5 pour cent sont intrarégionaux à l’Asie-Pacifique (14 accords) et 0,7 pour cent sont conclus avec l’Afrique (1 accord) (graphique 3). Alors que les accords avec l’Europe restent prédominants, on observe depuis 2000 une augmentation notable du nombre d’accords intrarégionaux et d’accords avec les pays des Amériques.
Graphique 3: Nombre d’accords bilatéraux impliquant des pays/territoires d’Asie-Pacifique, en fonction de la région de l’autre partie
Source: AISS, à paraître.
Les caractéristiques sous-régionales
Compte tenu de l’étendue géographique et de la population de la région, ainsi que de sa diversité culturelle, linguistique et politique, il est intéressant d’examiner de plus près les tendances sous-régionales en matière d’accords bilatéraux (graphique 4). Si l’on considère les sous-régions de l’AISS, la plupart des accords impliquent des pays d’Asie de l’Est (48 pour cent) et de la sous-région du Pacifique (25 pour cent), suivis par l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-Est et les pays arabes.
Graphique 4. Nombre d’accords bilatéraux impliquant un pays de l’Asie-Pacifique, par sous-région de l’AISS
Source: AISS, à paraître.
Remarques: [1] Le nombre total d’accords est plus élevé par rapport aux chiffres précédents, car les accords intrarégionaux sont comptabilisés pour les deux parties. [2] Les pays ayant des accords en vigueur sont les suivants, par sous-région: a) Asie de l’Est: Chine, Corée (République de), Japon, Mongolie; b) Îles du Pacifique: Australie, Nouvelle-Zélande; c) Asie du Sud: Inde, Iran (République islamique d’), Pakistan; d) Asie du Sud-Est: Philippines, Viet Nam, Thaïlande; et e) pays arabes: République arabe syrienne.
Comme indiqué ci-dessus, alors que les pays de la région sont impliqués dans 147 accords (23,3 pour cent du total mondial), seuls 13 pays de l’Asie-Pacifique ont des accords en vigueur. Si l’on considère les pays individuellement, on constate que la plupart des accords sont concentrés sur quelques pays seulement (graphique 5). La République de Corée compte le plus grand nombre d’accords (39), suivie de l’Australie (31), du Japon (22), de l’Inde (19) et des Philippines (14).
Graphique 5. Nombre d’accords bilatéraux, par partie issue de la région Asie-Pacifique
Source: AISS, à paraître.
Remarque: Lorsque certains accords concernent deux pays d’Asie-Pacifique, ils apparaissent deux fois.
Si l’on se concentre sur les pays ayant conclu cinq accords ou plus, on observe des tendances distinctes en termes de croissance au fil du temps (graphique 6). Traditionnellement, l’Australie était le pays le plus susceptible d’être partie à des accords bilatéraux dans la région mais, en 2017, la République de Corée a dépassé l’Australie et compte désormais (jusqu’en 2024) le plus grand nombre d’accords. Dans l’ensemble, le graphique illustre le rythme variable de la signature d’accords internationaux de sécurité sociale au cours de la période observée, avec une augmentation notable du nombre d’accords qui sont entrés en vigueur après les années 2000.
Graphique 6. Nombre total d’accords bilatéraux de sécurité sociale au fil du temps, par partie
Source: AISS, à paraître
Remarque: Ce graphique n’inclut que les pays ayant conclu cinq accords ou plus.
Un accès facilité aux prestations de sécurité sociale
L’une des principales fonctions des accords de sécurité sociale est de faciliter l’accès aux prestations, que ce soit par le maintien des droits en cours d’acquisition (également appelé totalisation) ou par d’autres moyens (OIT, AISS, CIF-OIT, 2021). De telles dispositions permettent l’accumulation des périodes de cotisation dans le cadre de différents régimes de sécurité sociale afin d’agréger ces périodes (d’assurance, d’emploi ou de résidence), et de maintenir ou de recouvrer des droits (OIT, AISS, CIF-OIT, 2021). Enfin, chaque pays verse une prestation proportionnelle à la durée d’affiliation du travailleur à son système de sécurité sociale, selon une méthode de calcul établie dans l’accord.
Au niveau mondial, les accords internationaux de sécurité sociale couvrent les pensions (vieillesse, invalidité et survivants) à un taux beaucoup plus élevé que toute autre branche. Dans les accords bilatéraux impliquant des pays de la région Asie-Pacifique, la tendance est similaire aux accords en dehors de la région: dans 80 pour cent des cas, la totalisation couvre les pensions. La facilitation de l’accès à d’autres branches reste néanmoins particulièrement faible, s’établissant à moins de 20 pour cent pour l’ensemble des six autres branches classiques de la sécurité sociale (graphique 7). Cela étant, les pensions sont de loin la branche la plus développée dans la région: 94 pour cent des pays prévoient des dispositions en la matière pour le secteur privé, contre 50 à 56 pour cent des pays pour toutes les autres prestations monétaires (à l’exclusion des dispositions relatives à la responsabilité de l’employeur; profils des pays de l’AISS – Asie 2022).
Graphique 7. Branches couvertes par des accords bilatéraux impliquant ou non des pays d’Asie-Pacifique
Source: AISS, à paraître.
Certains accords de sécurité sociale comportent une clause autorisant la totalisation des périodes de cotisation de pays tiers, ce qui renforce la protection de la sécurité sociale en offrant des garanties supplémentaires pour les droits des travailleurs migrants. Les spécificités varient en fonction de l’accord, mais ces clauses permettent généralement la prise en compte des périodes passées dans un pays tiers pour déterminer l’ouverture des droits aux prestations, à condition que cet État tiers ait conclu un accord avec les deux parties. Il est également possible de totaliser les périodes passées dans des pays tiers avec lesquels une seule des parties a conclu un accord (OIT, 2012).
Au niveau mondial, les clauses relatives à la totalisation des périodes passées dans des pays tiers sont incluses dans 41 pour cent des accords de sécurité sociale, contre 24 pour cent pour l’Asie-Pacifique, comme le montre le graphique 8. Il convient toutefois de noter que ces taux ont augmenté de manière significative dans les accords récents. Pour les accords signés ou renégociés après 1990, l’inclusion de telles clauses est passée à 64 pour cent pour les accords en dehors de la région Asie-Pacifique et à 40 pour cent pour ceux impliquant des pays de la région Asie-Pacifique. Cette tendance témoigne d’une plus grande importance accordée à l’intégration de ces clauses de totalisation pour les pays tiers dans les accords les plus récents.
Graphique 8. Pourcentage des accords incluant une clause sur la totalisation des périodes passées dans un pays tiers (accords bilatéraux impliquant des pays d’Asie-Pacifique)
Source: AISS, à paraître.
Les travailleurs détachés
Il y a détachement lorsqu’une entreprise envoie ses employés dans un autre pays pour y exercer des activités temporaires en son nom, ou lorsqu’un travailleur indépendant est temporairement actif dans un autre pays, différent de celui dans lequel il exerce habituellement son activité. Dans ces situations, les instruments de coordination relatifs à la sécurité sociale prévoient souvent une exception au principe habituel selon lequel les lois du pays où le travail est effectué doivent s’appliquer (Nickless et Siedl, 2004). Ils permettent donc aux travailleurs de rester soumis au système de leur pays d’origine plutôt qu’à celui du pays où le travail est effectué, en les exemptant du paiement des cotisations de sécurité sociale. L’objectif principal est d’éviter les doubles cotisations ou le double droit aux prestations et de réduire la charge administrative pour les entreprises et les assurés.
Les clauses relatives à la détermination de la législation applicable et à l’exemption du paiement des cotisations de sécurité sociale sont les plus courantes dans les accords de sécurité sociale. L’encadré 2 résume les concepts clés concernant les travailleurs détachés.
Comme le montre le graphique 9, environ 90 pour cent des accords dans le monde contiennent des dispositions relatives à la couverture des travailleurs détachés. Il est intéressant de noter que les accords de la région Asie-Pacifique couvrent plus souvent le détachement que ceux des autres régions. Alors qu’environ 2 pour cent seulement des accords conclus en dehors de cette région ne couvrent que le détachement, 17 pour cent des accords impliquant des pays de la région Asie-Pacifique sont exclusivement consacrés au détachement, c’est-à-dire qu’ils n’incluent aucune autre disposition sur la facilitation de l’accès aux prestations.
Graphique 9. Caractéristiques des accords de sécurité sociale impliquant ou non des pays de l’Asie-Pacifique
Source: AISS, à paraître.
Ces exceptions ne peuvent être maintenues indéfiniment et les pays fixent généralement des délais spécifiques pour ces détachements, en définissant souvent une période de détachement initiale et une période de détachement maximale. Comme le montre le graphique 10, les accords impliquant des pays de la région Asie-Pacifique tendent à prévoir des périodes d’exemption maximales plus longues pour les salariés détachés. Ainsi, 82 pour cent des accords conclus dans cette région prévoient une période maximale d’au moins cinq ans, contre environ 33 pour cent dans les autres parties du monde. L’Asie-Pacifique est notamment la seule région à disposer d’accords prévoyant une durée maximale supérieure à 96 mois.
Graphique 10. Durée maximale des exemptions pour les travailleurs détachés dans les accords bilatéraux impliquant ou non des pays d’Asie-Pacifique (en mois)
Source: AISS, à paraître.
Les travailleurs indépendants peuvent également bénéficier d’exemptions de cotisations de sécurité sociale en vertu d’accords internationaux lorsqu’ils travaillent temporairement dans un pays différent de leur lieu d’activité habituel. Toutefois, ces dispositions relatives aux travailleurs indépendants sont beaucoup moins courantes que celles pour les salariés. Par exemple, seuls 31 pour cent des accords impliquant des pays de la région Asie-Pacifique prévoient des dispositions pour les travailleurs indépendants, contre 90 pour cent pour les salariés. Comme pour les salariés, la période d’exemption de cinq ans est la plus courante pour les travailleurs indépendants.
Les accords multilatéraux impliquant des pays d’Asie-Pacifique
Actuellement, 98 pays et territoires dans le monde (48 pour cent) ont au moins un accord multilatéral en vigueur, et 18 pour cent des pays de la région Asie-Pacifique participent à un accord multilatéral. Deux accords multilatéraux sont en vigueur dans la région Asie-Pacifique: 1) l’Accord de totalisation entre la République des Îles Marshall, les États fédérés de Micronésie et la République des Palaos sur la sécurité sociale (appelé «Accord de totalisation du Pacifique»), et 2) la Loi unifiée d’élargissement de la protection sociale en faveur des ressortissants des pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (appelée «Accord du CCG»), signée par six pays membres du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG): Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis (EAU), Koweït, Oman et Qatar.
L’Accord de totalisation du Pacifique, entré en vigueur en juillet 2005, prévoit l’égalité de traitement, la législation applicable et la totalisation. Il autorise en outre une exemption de trois ans sur le double paiement des cotisations pour les travailleurs et les indépendants âgés de plus de 60 ans.
L’Accord du CCG, entré en vigueur en janvier 2006, permet aux ressortissants du CCG employés dans l’un des États membres de rester couverts par les régimes de pension comme s’ils travaillaient dans leur pays d’origine. La caractéristique intéressante de cet accord est que les employeurs de l’État hôte du CCG sont tenus de transférer les cotisations de sécurité sociale à l’administration de sécurité sociale compétente dans le pays d’origine de l’employé.
Bien qu’il n’y ait actuellement que deux accords internationaux dans la région Asie-Pacifique, des efforts récents indiquent une tendance prometteuse vers une plus grande coopération internationale en matière de sécurité sociale, en particulier en Asie du Sud-Est. Notons ainsi l’adoption de la Déclaration de l’ANASE sur la portabilité des prestations de sécurité sociale pour les travailleurs migrants en 2022, et l’élaboration de lignes directrices régionales de l’ANASE relatives à la portabilité des prestations de sécurité sociale pour les travailleurs migrants en 2024.
Considérations finales
Face à l’augmentation des migrations de main-d’œuvre, les accords de sécurité sociale représentent un outil fondamental pour renforcer la portabilité des droits sociaux. L’encadré 3 résume les principaux faits et chiffres concernant les accords de sécurité sociale en Asie et Pacifique et souligne certaines spécificités de la région. Le nombre de ces accords dans la région Asie-Pacifique reste certes relativement faible, mais, à mesure que les systèmes de sécurité sociale se développent et que la formalisation de l’économie progresse, un environnement plus favorable devrait contribuer à la hausse du nombre d’accords, tant au sein de la région qu’avec d’autres pays.
Le guide Étendre la protection sociale aux travailleurs migrants, aux réfugiés et à leur famille (OIT, AISS, CIF-OIT, 2021) vise à aider les institutions à renforcer leur capacité à couvrir efficacement les travailleurs mobiles. Plus récemment, l’International Social Security Review a publié un numéro spécial intitulé «Ne laisser personne de côté: une couverture de sécurité sociale pour les personnes déplacées et les travailleurs migrants» (International Social Security Review, 2023).
Pour que les accords internationaux de sécurité sociale soient pleinement efficaces, un facteur essentiel est la coordination étroite entre les différentes organisations administratives des pays signataires et la communication entre les différentes parties par l’intermédiaire de leurs agences de liaison. L’AISS entend soutenir les institutions membres dans leurs efforts visant à gérer et mettre en œuvre efficacement un nombre croissant d’accords, notamment par le biais du Groupe de travail sur les accords internationaux de sécurité sociale et l’échange de données. Ce groupe s’efforce de contribuer au développement d’une solution technologique commune standardisée pour l’échange international de données, dans le but d’améliorer l’efficacité et l’efficience de la mise en œuvre des accords internationaux de sécurité sociale.
Principales observations
- La région Asie-Pacifique contribue largement à la migration de main-d’œuvre, mais elle ne participe qu’à 23 pour cent des accords mondiaux de sécurité sociale.
- Seuls 43 pour cent des pays de la région Asie-Pacifique sont parties à un accord bilatéral ou multilatéral de sécurité sociale, soit le taux le plus bas de toutes les régions.
- Il existe actuellement deux accords multilatéraux dans la région, couvrant neuf pays: l’Accord de totalisation du Pacifique (3) et l’Accord du CCG (6).
- Il existe aujourd’hui 147 accords bilatéraux impliquant la région Asie-Pacifique, couvrant 13 des 51 pays et territoires de la région (25 pour cent).
- L’Europe est le partenaire principal dans les accords bilatéraux de sécurité sociale avec l’Asie-Pacifique, représentant plus de 70 pour cent des accords de la région.
- Les sous-régions de l’Asie de l’Est et du Pacifique représentent 73 pour cent des accords.
- La République de Corée, l’Australie, le Japon, l’Inde et les Philippines sont les pays qui ont conclu le plus grand nombre d’accords (39, 31, 22, 19 et 14, respectivement).
- 17 pour cent des accords impliquant des pays de la région Asie-Pacifique sont exclusivement consacrés au détachement, c’est-à-dire qu’ils n’incluent aucune autre disposition sur la facilitation de l’accès aux prestations.
- Les accords conclus dans la région Asie-Pacifique prévoient souvent des périodes d’exemption plus longues pour les travailleurs détachés, 82 pour cent d’entre eux autorisant l’exemption des cotisations de sécurité sociale pendant au moins cinq ans.
- 80 pour cent des accords de la région Asie-Pacifique qui vont au-delà du détachement prévoient un accès facilité aux pensions (vieillesse, invalidité et survivants). L’accès facilité à d’autres prestations reste minime.
- On observe une tendance croissante visant à inclure des clauses de totalisation pour les pays tiers, qui facilitent l’agrégation des prestations de sécurité sociale dans plusieurs pays.
Références
ADB, OIT, OCDE. 2023. Labor migration in Asia: Changing profiles and processes. Tokyo, Banque asiatique de développement; Paris, Organisation de coopération et de développement économiques; Bangkok, Bureau régional pour l'Asie et le Pacifique de l'Organisation internationale du travail.
AISS. 2022. Aperçu global des accords internationaux de sécurité sociale. Genève, Association internationale de sécurité sociale.
AISS. 2024. Les accords internationaux de sécurité sociale en Europe. Genève, Association internationale de sécurité sociale.
AISS. Forthcoming. Accords internationaux de sécurité sociale. Genève, Association internationale de sécurité sociale.
Benton et al. 2024. The state of global mobility in the aftermath of the COVID-19 pandemic. Genève, Organisation internationale pour les migrations; Washington, DC, Migration Policy Institute.
Butcher, P.; Erdos, J. 1988. «International social security agreements: The U.S. experience», dans Social Security Bulletin, vol. 51, Nᵒ 9.
International Social Security Review. 2023. «Special issue: To leave no one behind: Social security coverage for displaced populations and migrant workers», vol. 76, Nᵒ 4.
Kazi-Aoul, S. et al. 2023. «Extending coverage to migrant workers to advance universal social protection», dans International Social Security Review, vol. 76, Nᵒ 4.
Nickless, J. ; Siedl, H. 2004. Co-ordination of social security in the Council of Europe: Short guide. Strasbourg, Conseil de l'Europe.
OIT. 2012. Social security coordination for non-EU countries in South and Eastern Europe: A legal analysis. Budapest, Organisation internationale du travail, Decent Work Technical Support Team and Country Office for Central and Eastern Europe.
OIT. 2020. ILO Global Estimates on international migrant workers results and methodology. Genève, Bureau interantional du travail.
OIT. 2024a. World Social Protection Report 2024-26: Regional companion report for Asia and the Pacific. Genève, Bureau international du travail.
OIT. 2024b. Asia Pacific Employment and Social Outlook 2024: Promoting decent work and social justice to nanage ageing societies. Genève, Bureau international du travail.
OIT, AISS, CIFOIT. 2021. Extending social protection to migrant workers, refugees and their families: A guide for policymakers and practitioners. Genève, Bureau international du travail.